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Vibrations mécaniques : comment prévenir les risques ?

Date de mise en ligne : 19 juillet 2021

L’exposition des travailleurs aux vibrations mécaniques provoquées par l’utilisation de certaines machines ou engins est reconnue comme un facteur de pénibilité au travail. Conformément à son obligation générale de sécurité, l’employeur doit assurer la santé physique de ses salariés. Il est donc tenu d’évaluer leur exposition aux risques professionnels, dont le risque vibratoire.

Comment évaluer les risques pour vos salariés et quels moyens de prévention mettre en place ? Securinorme vous guide !

Comment évaluer les risques liés aux vibrations mécaniques ?

Identifier les postes concernés

La réglementation opère une distinction entre deux types de vibrations :

  • les vibrations transmises à l’ensemble du corps par les véhicules et engins mobiles ainsi que par certaines machines industrielles fixes, qui peuvent générer la survenue de douleurs et TMS notamment au niveau du dos (lombalgies et microtraumatismes de la colonne vertébrale) ;
  • les vibrations transmises aux membres supérieurs par des machines et outils portatifs ou guidés à la main, qui peuvent être à l’origine d’affections plus ou moins graves au niveau des mains et des bras (troubles vasculaires, lésions ostéo-articulaires, troubles neurologiques ou musculaires).

Dans un premier temps, l’employeur doit identifier l’ensemble des postes ou situations de travail nécessitant l’utilisation d’engins mobiles ou d’équipements fixesgénérant des vibrations.

Exemples : engins de chantier, agricoles, véhicules industriels, utilisation de concasseurs, etc.

Déterminer l’exposition vibratoire quotidienne des salariés exposés

Si une exposition au risque vibratoire est constatée, l’employeur doit déterminer l’exposition quotidienne vibratoire des travailleurs exposés. Celle-ci se fonde sur deux paramètres :

  • l’émission vibratoire de l’équipement ou de l’outil, caractérisée par la valeur d’accélération équivalente aeq (exprimée en m/s2) ;
  • la durée quotidienne réelle d’exposition du travailleur aux vibrations, qui ne doit prendre en compte que les périodes pendant lesquelles le conducteur est effectivement soumis aux vibrations par l’engin ou l’équipement utilisé. Les phrases dites non vibrantes ou d’attente ne doivent donc pas être prises en compte.

Un arrêté du 6 juillet 2005 donne les formules à utiliser pour estimer ou mesurer, pour chaque poste de travail concerné, la valeur de ces deux paramètres et en déduire la valeur de l’exposition quotidienne.

Si des mesurages sont nécessaires pour déterminer ces valeurs, ils doivent être réalisées par des personnes compétentes à des intervalles appropriées. Les mesurages de l’émission des vibrations à l’ensemble du corps s’effectuent à l’aide d’un vibromètre ou d’un exposimètre, selon les exigences des normes EN 14253 et ISO 2631-1.

Notez-le : il est déconseillé d’utiliser les valeurs d’émission vibratoire déclarées par les fabricants des machines pour estimer l’exposition journalière car elles ne sont pas forcément représentatives des situations réelles de travail et peuvent ainsi être source d’erreur.

vibrations

Tenir compte de tous les paramètres

L’évaluation des risques doit prendre en compte un certain nombre de paramètres qui peuvent influer de façon plus ou moins importante sur ses résultats (article R.4444-4 du C. trav.) :

  • Le niveau, le type et la durée d’exposition ;
  • Les VLE ou VA ;
  • Toute incidence sur la santé et la sécurité des travailleurs particulièrement sensibles (femmes enceintes, jeunes travailleurs de moins de 18 ans) ;
  • Les interactions entre les vibrations et le lieu de travail ou d’autres équipements ;
  • Les renseignements sur les émissions vibratoires fournis par les fabricants des équipements de travail ;
  • L’existence d’équipements de travail permettant de réduire les niveaux d’exposition ;
  • La prolongation de l’exposition à des vibrations au-delà des heures de travail ;
  • Les conditions particulières de travail (exemple : basses températures) ;
  • Les conclusions du médecin du travail concernant la surveillance de la santé des travailleurs.

Les résultats de l’évaluation des risques doivent être reportés dans le document unique d’évaluation des risques professionnels (DUER). Si des mesurages ont été effectués, leurs résultats doivent être conservés de manière à être consultables pendant une durée minimum de dix ans et être tenus à disposition du comité social et économique (CSE) et de l’inspection du travail en cas de demande.

Comparer les valeurs d’exposition quotidienne avec les seuils réglementaires

Une fois ces valeurs déterminées, elles doivent être comparées avec les valeurs d’exposition fixées aux articles R4443-1 et R4443-2 du Code du travail pour s’assurer que ces dernières ne sont pas dépassées. Les articles fixent deux valeurs seuils d’exposition journalière :

  • Une valeur d’exposition journalière déclenchant l’action de prévention : en cas de dépassement, l’employeur doit mettre en place des mesures techniques et opérationnelles afin de réduire au minimum l’exposition ;
  • Une valeur limite d’exposition journalière, qui ne doit jamais être dépassée.

 

Vibrations transmises aux mains et aux bras

Vibrations transmises à l’ensemble du corps

Valeur d’action (VA)

2,5 m/s2

0,5 m/s2

Valeur limite d’exposition (VLE)

5 m/s2

1,15 m/s2

pieds anti-vibrations

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Vibrations mécaniques : quelles mesures de prévention mettre en place ?

En cas de dépassement constaté de la valeur d’action, l’employeur est tenu de mettre en place des mesures de prévention visant à réduire au minimum l’exposition aux vibrations. Ces mesures doivent tenir compte du progrès technique et de l’existence de mesures de maîtrise du risque à la source.

Faire le choix de procédés de travail moins vibrants

Lorsque cela est possible, l’employeur doit privilégier des procédés de travail permettant de réduire les valeurs d’exposition journalière, tels que par exemple le transport de matériels par convoyeur ou encore l’utilisation de matériel télécommandé.

Choisir des équipements de travail appropriés et les maintenir en bon état

Une des principales mesures à mettre en place par l’employeur et de veiller à choisir des équipements de travail appropriés produisant le moins de vibrations possibles. Il peut s’agir par exemple de machines équipées de dalles anti-vibration ou de pieds anti-vibration.

Notre conseil : en cas d’achat de nouvel équipement, pensez à inclure une clause relative aux vibrations dans le cahier des charges.

L’employeur doit également veiller à fournir aux travailleurs exposés des équipements auxiliaires réduisant les risques de lésions (ex : sièges ou poignées atténuant les vibrations) ainsi que, le cas échéant, des vêtements de protection contre le froid et l’humidité.

Toutefois, même un équipement approprié peut voir son efficacité fortement réduite s’il n’est pas correctement entretenu. Il est donc important de prévoir des programmes appropriés de maintenance des équipements (ex : veiller à maintenir les suspensions en état et à lubrifier régulièrement les articulations des sièges, etc.).

dalle anti-vibration

Modifier la conception et l’agencement des lieux et postes de travail

Pensez à aménager les postes de travail afin de réduire la durée d’exposition des travailleurs : rotation des opérateurs et des conducteurs, diversification des tâches si possible, aménagement de périodes de repos, etc.

Afin de ne pas aggraver le risque vibratoire, il est également important de veiller au bon entretien des sols et des surfaces de roulement des équipements et engins.

Former et informer les salariés exposés

L’employeur doit informer et former les travailleurs exposés des risques dus aux vibrations. Ces informations et cette formation doit être adaptée aux résultats de l’évaluation des risques.

Elles doivent porter notamment sur :

  • Les mesures de prévention mises en place pour réduire les risques ;
  • Les résultats des évaluations et des mesurages de l’exposition aux vibrations ;
  • Les VLE et les VA ;
  • Les lésions que peuvent entraîner l’utilisation d’équipements de travail produisant des vibrations et la façon de dépister et signaler leurs symptômes ;
  • Les conditions dans lesquelles les travailleurs peuvent bénéficier du suivi individuel de leur état de santé ;
  • Les pratiques professionnelles permettant de réduire au minimum les risques.

Suivre l’état de santé des travailleurs exposés

Depuis le 1er janvier 2017 (entrée en vigueur de la « Loi Travail »), les modalités de suivi individuel de l’état de santé des salariés ont évolué. Les salariés exposés aux vibrations font désormais l’objet d’un suivi individuel de leur état de santé comprenant notamment :

  • Une visite d’information et de prévention (VIP), qui doit être réalisée par un professionnel de santé (médecin du travail, collaborateur-médecin, interne en médecine du travail ou infirmier) dans un délai n’excédant pas 3 mois à compter de la prise effective du poste de travail ;

Attention : la VIP doit être réalisée dans un délai de deux mois pour les apprentis et préalablement à leur affectation sur le poste pour les jeunes travailleurs de moins de 18 ans.

  • La possibilité pour le salarié ou l’employeur de demander à voir le médecin du travail sur demande.

Par ailleurs, si un salarié développe des troubles particuliers liés à l’exposition aux vibrations, le professionnel de santé doit réaliser une étude de poste afin de proposer des mesures d’aménagement de poste (y compris si besoin une éventuelle affectation du travailleur à un autre poste de travail). Le travailleur doit être informé par le médecin des résultats et de l’interprétation des examens médicaux dont il doit alors bénéficier.

tapis anti-fatigue

Références législatives, réglementaires et documentaires

Code du travail, article L4441-1 (prévention des risques d’exposition aux vibrations mécaniques)

Code du travail, articles R4441-1 à R4447-1 (prévention des risques d’exposition aux vibrations mécaniques)

Article du 6 juillet 2005 pris pour l'application des articles R. 231-118, R. 231-120 et R. 231-121 du code du travail

INRS, ED 6342, Vibrations mains-bras, Guide des bonnes pratiques, octobre 2019

INRS, ED 6018, Vibrations et mal de dos, Guide des bonnes pratiques en application du décret « Vibrations », avril 2012

 

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